Corine, Olivier, Viviane, Thalia, Noé et Malika
coopérants au Nicaragua avec E-Changer

27 juin 2010

(O)La Feria Infantil

Hier a eu lieu la 6ème Feria Infantil. Commémorant ainsi le meurtre d’une adolescente perpétré en 2005, nous avons participé en famille à la marche souvenir à travers la ville, et à la fête qui a suivi.

A Jinotega, le 23 juin 2005, disparaissait la jeune Mery Rubi Lanzaz Palacio. Après trois jours de mobilisation de la Police Nationale, des Pompiers et des volontaires de la ville, dont les collaborateurs du Club Infantil Tuktan Sirpi, le cadavre de l’enfant fut retrouvé quelque part dans la ville : c’était un meurtre.

Les organisations œuvrant en faveur des enfants et des adolescents se sont alors mobilisées pour organiser une marche de soutien à la famille et de protestation contre la violence dont sont victimes les enfants. Elle se perpétue aujourd’hui sous l’appellation de Feria Infantil Mery Rubi Lanzaz. Organisée conjointement par diverses organisations, dont le Club Infantil, cette journée est l’occasion de rappeler à la population Jinotegana, les droits fondamentaux des enfants. Et, bien sûr, de faire la fête à ces enfants !
A vue de nez, plus de 500 personnes ont constitué le cortège : petite fanfare, groupe de percussion d’une école de la ville, collaborateurs et bénéficiaires des associations locales. Ajoutés à cela, une bonne partie de la ville pour le regarder passer. Ensuite, de nombreux enfants, adolescents et handicapés mentaux se sont succédés sur le podium, qui avec une chanson de son cru, qui par des danses folkloriques, le tout ponctué par l’énoncé des différents articles du code des droits de l’Enfant. La journée s’est poursuivie par diverses animations organisées par le Club Infantil.
Une belle leçon de mobilisation et de participation citoyenne.

25 juin 2010

(O) Hop Suisse!

10'000 km, 18h00 de voyage, une participation Suisse au Mundial 2010, une victoire, dans un pays d’Amérique Latine qui vibre au rythme du foot, ça éveille, à défaut d’intérêt pour la chose, un élan patriotique que j’étais à 10'000 lieues d’imaginer.

En compagnie de deux coopérants suisses vivant à Jinotega, nous avons retenu notre respiration 3 fois 95 minutes (arrêts de jeux compris...!). Trois fois, les Nicas nous ont permis que le monde s’arrête pour assister aux matches de l’équipe suisse. Dommage que ce soit terminé. Du coup, pour citer Christoph, le coopérant suisse : « on se rattrapera au JO d’hiver, il y des chances que la Suisse fasse mieux ! ».

Hop Suisse donc !

22 juin 2010

(O) Pas de photo...

J’ai accompagné Ana, une collègue, pour visiter des familles dans un des quartiers les plus pauvres de Jinotega. Ce quartier porte pourtant un bien beau nom : Panorama. En effet, de là, on a une vue magnifique de la ville. Mais, lorsque j’ai plongé dans ses ruelles boueuses, je n’ai eu qu’une envie : fermer les yeux et courir ; courir jusqu’à retrouver la sérénité de mon foyer.
… Pas de photo pour illustrer ces rues sales, détrempées par les pluies…

Ana, avant d’arriver dans le quartier m’a annoncé qu’elle et ses collègues étaient des champions de la course à pieds, afin d’éviter la colère d’un père agressif, rendu furieux par trop d’alcool ou par le chômage qui met ses nerfs à vif lorsque des officiels viennent lui rappeler sa déchéance.
… Pas de photo pour décrire l’anxiété des éducateurs qui doivent se rendre dans ces familles…

Nous avons visité les familles des enfants qui ne viennent plus à l’école et demander aux parents les raisons de cet absentéisme. Nous apprenons par une grand-mère, une voisine, voire les parents eux-mêmes, que ces enfants ne peuvent plus venir car ils doivent aider les leurs à survivre, donc travailler pour quelques pesos afin d’acheter un peu de riz. Un père complètement ivre à 15h00 me raconte comment il a perdu sa jambe durant la guerre civile en me vantant les mérites du gouvernement actuel.
… Pas de photo pour traduire les relents d’alcool de ce père désabusé et la fatigue de son épouse…

J’ai rencontré cette gamine de douze ans qui ne vient plus à l’école parce que ses parents travaillent au marché et qu’elle doit garder son frère et sa sœur. je l’ai vue porter son petit frère dans la cabane de bois, dans une chambre fermée avec du carton. J’ai vu son ventre arrondi par une grossesse de quelques mois. J’ai hésité entre crier ma rage ou pleurer de tristesse. Je n’ai pu qu’offrir ma présence.
… Pas de photo pour illustrer la bassesse humaine qui, pour assouvir ses pulsions, n’hésite pas à s’en prendre à une enfant…

J’ai été à deux doigts de fuir à l’approche de ce père de famille sortant de sa maison pour nous demander, la colère dans la voix, les raisons de notre présence chez lui. J’ai soupiré d’aise en le voyant se calmer à mesure que nous le lui expliquions, et j’ai souri avec lui lorsqu’il nous montré l’état de sa rue et permis de comprendre que, par grosse pluie, tout déplacement, même pour aller à l’école, est quasi impossible.
… Pas de photo pour porter la rage d’un père qui voit des inconnus se mêler de ses affaires…

Et pourtant, dans ce quartier j’ai vu des mères de familles qui malgré la précarité de leur vie conservent la tête haute, gardant malgré tout confiance en la vie ou en Dieu, suivant les cas. J’ai vu des enfants jouer, descendre des pentes sur des planches fixées sur des roulettes de rollers. J’ai vu des enfants jouer au foot dans des rues en pente, courant derrière des ballons dégonflés ou des boîtes de conserves.
… Pas de photo non plus. Le bonheur, même s’il existe dans ces quartiers, se savoure. On ne le fixe pas sur du papier.

(C) Une semaine avec les NNA comunicadores

J’ai suivi cette tous les matins de cette semaine les NNA comunicadores (filles, garçons et ados communicateurs) du Club. L’objectif de leur travail est d’informer, communiquer et sensibiliser la population tant adulte qu’adolescente ou enfantine sur les sujets qui les touchent particulièrement au quotidien. Le résultat est une émission de radio et une de télévision hebdomandaire, d’environ 1 heure chacune.

Leur travail est planifié sur l’année, en adéquation avec toutes les autres activités du Club. Partant d’une planification opérationelle annuelle de toutes les interventions de Tuktan Sirpi, ils évoquent les revendications adressées à la municipalité de Jinotega dans leur Agenda Municipal de la Niñez y la Adolescencia. Celles-ci portent essentiellement sur des sujets comme la famille, l’école, la communauté (ou les conditions de vie dans les barios (quartiers), le travail, la santé, leur participation citoyenne et leurs loisirs. Chacun des thème regroupant une foule de sujets aussi variés que la sexualité précoce ou la maltraitance des enfants travailleurs du Marché Municipal.

Chaque semaine, un groupe de NNA, répartissant leur travail sur la journée suivant qu’ils vont à l’école le matin ou l’après-midi, produit ainsi deux émissions : une de radio, Hablando de la Niñez, émise le dimanche matin sur la Radio Estereo Libre, et une de télévision, TV Chaval@s, diffusée le samedi à 18h00 sur le canal 48 du câble. Ces émissions se composent de présentations des thèmes abordés, reportages, interviews, recherches « bibliographiques » chiffrées auprès de la police ou de la municipalité et « viñetas » de sensibilisation et de prévention, abordant surtout les droits des NNA et informant des activités du Club. Souvent, des mini drames (petites pièces de théâtre radiophoniques et/ou télévisées) viennent compléter les émissions. Et durant toute la semaine, les animateurs de la Radio Estereo Libre relaient les informations travaillées et les viñetas.

Deux  éducateurs-comunicateurs, Elifelet et Yader, les encadrent et toute l’équipe de la radio les appuie au besoin. Les NNA font tout, de la pose des objectifs hebdomadaires à l’animation des deux émissions, en direct pour la radio et enregistrée pour la TV. Ils préparent les interviews, les commentaires, tiennent le micro et la camera, identifient les personnes à approcher et planifient leur travail. Ce dernier se termine (à l’exception de l’animation de l’émission de radio) le vendredi par une table ronde des NNA (filmée et enregistrée) qui servira de fil rouge des émissions et de bilan du travail accompli durant la semaine.

A travers ce travail, ils acquièrent une formation journalistique sur 1 ou 2 ans, suivant les cas, aussi bien au niveau du contenu, de la manière que de la technique. Cette formation est sanctionnée par un examen « expertisé » par des journalistes professionnels (radio, tv et presse écrite), et peut ouvrir les portes d’un poste intéressant, suivant l’âge du candidat. Quasi tous les animateurs de la Radio Estereo Libre sont d’anciens NNA comunicadores.

18 juin 2010

(C) La rue n'a pas d'enfant!

L'autre jour, un père de famille disait à un éducateur du Club : "Mon fils ne veut plus venir, parce que le Club, c'est pour les enfants des rues"...

Non, la rue n’a pas d’enfant. Et les enfants ont TOUS une mère et un père. Qu’ils les aient connu ou non, que ces derniers s’en occupent ou non, qu’ils les maltraitent ou non, qu’ils vivent ensemble ou non. La rue, elle, n’a pas d’enfant.

Il y a 4 mois, nous partions travailler en soutien à une association s’occupant, nous le croyions, d’enfants et d’adolescents de la rue. Nous avons rencontrés des éducateurs, des communicateurs, des travailleurs sociaux, des juristes, des animateurs, des gens de bonne et de moins bonne volonté. Nous avons rencontré les enfants travailleurs du marché municipal, les enfants scolarisés, mais pas trop, les enfants communicateurs qui ont fait de leur temps libre un combat pour l’information et la sensibilisation de leurs pairs. Nous avons rencontrés des familles, des adultes perdus, d’autres vindicatifs.

Mais la rue, elle, nous ne l’avons pas rencontrée. Nous l’avons arpentée, usant nos semelles sur les cailloux pointus, dans des torrents de boue et des détritus de toutes sortes. Mais nous ne l’avons pas rencontrée. Nous l’avons empruntée un peu, comme les enfants et adolescents bénéficiaires du Club Infantil. Nous l’avons maudite aussi, parce qu’elle reste un des théâtres les plus sordides de la maltraitance de ces enfants, de leur travail harassant et, parfois, de leurs nuits glacées. Et nous l’avons apprivoisée pour approcher ces enfants et essayer de comprendre.

Heureusement, la rue n’a pas d’enfant. Nous avons donc pu commencer à travailler avec des êtres humains qui ont une histoire à raconter. Même si cette histoire commence sur des pavés.

9 juin 2010

(C) Quatrième mois, quatrième anniversaire

C'est au tour de Viviane: elle a fêté ses huit ans. Après de nombreux changements de dates, d'organisations plus ou moins floues (les copines, elles vont venir, même que c'est le week end?) et de collusion avec la fête annuelle du Colegio de La Salle - qui devait avoir lieu d'abord le 23 mai, puis le 6 juin, mais la mairie avait annoncé qu'il n'y aurait pas d'électricité, donc au dernier moment la fête fut annulée, même s'il y a eu l'électricité toute la journée de dimanche - si vous n'arrivez pas à suivre, c'est pas grave, nous non plus! La fête est donc reportée à dimanche prochain, mais comme la mairie va organiser sa fameuse réparation du distributeur général d'électricité ce dimanche-là, c'est toujours pas sûr... Bienvenidos a Nicaragua!

C'est donc Sadrac, une fois de plus, qui a trouvé la solution: Viviane suit les leçons de self-defense tous les après-midi, pourquoi ne ferait-elle pas sa piñata avec ses compañeras de cours? Et ce fut fait! Bon exercice de coordination, la frappe était vigoureuse même si elle manquait un peu de précision. Leçon efficace... et très drôle!


4 juin 2010

(C) Quelques merveilles de notre jardin

Il y a trois semaines que la saison des pluies a commencé. Elle durera jusqu'en septembre. L'eau ruisselle en torrents le long des rues, le linge peine à sécher et les lits sont humides lorsqu'on se couche. Le thermomètre yo-yotte suivant le nombre d'heures de soleil qu'il fait tout de même presque chaque jour, et on hésite constamment entre parapluie et parasols. Mais le plus spectaculaire, c'est la transformation de la nature. L'autre jour, je suis allée en direction de San Rafael del Norte pour la troisième fois depuis notre arrivée ici. Je n'y ai quasiment pas reconnu le paysage, tellement il a changé. La palette de tous les verts côtoie les champs cultivés, on s'active aux semailles entre deux déluges, la terre, sèche ces derniers mois, regorge à nouveau de promesses.

Dans notre jardin aussi la pluie a provoqué de nombreux changements, faisant naître quelques petites merveilles:


Doña Damaris

Dans le domaine de l’organisation familiale, une de nos préoccupations du départ était de trouver une personne digne de confiance pour s’occuper des enfants et de la maison, surtout de Malika qui ne va pas à l’école. Travaillant tous les deux, devant jongler entre les horaires de travail, ceux de l’école - différents pour chacun des enfants - et les siestes de Malika, nous avons dû nous rendre à l’évidence que nous avions besoin de quelqu’un. Et pour joindre l’utile à …l’utile, nous générons un salaire pour une Jinotegana. Nous pensions au départ employer quelqu’un trois jours par semaine, mais tout le monde nous en a dissuadé parce que les gens ici ne travaillent pas à temps partiel. Si exceptionnellement c’est le cas, la personne trouve un autre job. Du coup, nous n’aurions pas pu compter sur elle lorsque nous sommes en déplacement professionnel ou s’il y a une réunion qui requière nos deux présences.

Présentée par une collaboratrice du Club, nous avons rencontré une perle : elle s’appelle Damaris et travaille chez nous 5 jours par semaine, de 7h30 à 14h30 env. (contre 12h. par jours, 6 jours par semaine, normalement). Dire que nous en sommes contents est un euphémisme. Mère de 4 enfants – dont la dernière a 12 ans et passe aussi du temps chez nous – c’est la première fois qu’elle fait ce travail. Pétrie de bon sens, en bonne mère de famille, elle voit ce qu’il y a à faire, le fait particulièrement bien et s’occupe des enfants sans être prise en défaut. Si cela semble tomber sous le sens pour un Suisse, ce n’est pas si évident ici. Souvent, les employés de maison viennent de familles extrêmement pauvres de la campagne, sont très jeunes (12-15 ans dans le meilleur des cas) et n’ont pas toujours la maturité qu’on pourrait attendre pour une telle fonction. N’importe qui peut tenir un balais ou apprendre à le faire. Quand il s’agit de s’occuper d’enfants, de leur sécurité et veiller à leur développement (jeux, éveil, etc) de la manière dont on en ressent le besoin chez nous en Europe, c’est une toute autre affaire ! Si nous avons à cœur de nous adapter aux standards Nicas dans de nombreux domaines, en aucun cas nous accepterions que Malika passe ses matinées devant la télé à manger des sucreries… ! On caricature un peu, mais sans être si loin de la réalité d’ici. Dans les familles d’ici, il y a que très peu de jouets (quand il y en a…), pas de livres ou de jeux. Reste le télé, et comme la plupart des enfants ne peuvent pas sortir, on leur donne des sucreries pour compenser. Il ne s’agit pas de mauvaise volonté ou de mauvaise éducation, mais de manque cruel de moyen et de temps pour encadrer les enfants. Doña Damaris fait donc partie d’une minorité en la matière.

Et pourtant, elle vit dans un dénuement difficile avec sa famille. Dans une toute petite maison, elle cuisine au bois (quand ils peuvent en acheter) car ils ont du vendre la bombone de gaz dans une période où ils n’avaient pas de travail. Ça peut paraître « exotique », mais ça signifie surtout que Maria Felix, la plus jeune des enfants (12 ans) partait l’après-midi à l’école le ventre vide, car sa mère n’était pas là pour allumer le feu (il ne faut pas imaginer nos anciens potagers à bois style Sarina ! ils cuisinent sur des espèces de braséros où le feu est ouvert). Menuisier-charpentier, l’époux de Doña Damaris manque de travail, le bois devenant de plus en plus cher, et envisage de partir (seul !) au Costa Rica ou on embauche. Ce serait le seul moyen de faire survivre la famille, dont un enfant est à l’université, malgré le nouveau salaire de son épouse. En outre, ils viennent d’installer la douche que nous leur avons donnée (de notre ancienne maison, dont on n’avait plus l’utilité), luxe qu’ils ne pouvaient pas s’offrir avant. Ceci non pas pour qu’on s’apitoie sur leur sort, mais pour donner une idée de la précarité dans laquelle vivent les gens ici, malgré un travail soutenu. Et cela tout en gardant le tête haute.

Doña Damaris, c’est une perle de plus dans notre maison. Les enfants l’adorent, son travail est plus que correct et elle est constamment à nous aiguiller sur les moyens de nous faciliter la vie, ou de nous aider dans toutes nos demandes et nos recherches.

2 juin 2010

Merci de tout coeur

Nous venons de recevoir le décompte de vos dons versés jusqu'ai 31 mars de cette année. Milles mercis d'ores et déjà pour votre inestimable soutien, en attendant que chacun des donnateurs reçoive un Merci particulier par la poste (les 10'000 km qui nous séparent rallongeant considérablement les délais...!).