Corine, Olivier, Viviane, Thalia, Noé et Malika
coopérants au Nicaragua avec E-Changer

26 juillet 2011

(C) Le coup de fil

A peine arrivée, samedi soir, je m’arrête dans une station service pour faire un achat de dernière minute et j’en profite pour passer un coup de fil, en vitesse. Première surprise, la vendeuse, accoudée près de l’appareil fixe de l’établissement me dit que, pas de problème, il y a un téléphone public à côté, et qu’elle me vend volontiers une carte pour 20.- CHF. Ca fait un peu cher le coup de téléphone vite en vitesse, avec une carte qui ne me servira pas vraiment par la suite. Je le lui explique gentiment, lui assurant que j’ai juste besoin d’atteindre quelqu’un dans la région, et que je suis bien sûr prête à payer ma communication (qui devrait s’élever à peu près à 10 centimes…, je le pense très fort, mais n’en dis rien). Elle me répète, avec un ton déjà plus qu’agacé, qu’elle peut me vendre une carte, ou rien ! Je la remercie, toujours aimablement, et m’approche d’une table autour de laquelle bavardent 3 personnes, leurs 3 appareils respectifs bien en évidence. Je leur demande avec humour : «  Je me rends bien compte que j’ai l’air d’une extra-terrestre, mais je n’ai pas de Natel. L’un de vous aurait la gentillesse de me prêter un téléphone portable, c’est juste pour une minute, et bien sûr, je m’acquitterai du coût de l’appel ! ». Les trois quidams échangent un regard trouble, et l’un d’eux me lance : « T’a entendu la dame, c’est la carte à 20 francs, et le téléphone est derrière ! ». Ca se passe de commentaire.
Déjà bien échauffée, je sors, et sans grande conviction, j’avise un jeune gars debout près de son véhicule, attendant son compère occupé à l’intérieur. Je lui demande s’il connait le coin, et pourrait me désigner la cabine téléphonique la plus proche, tripotant du bout des doigts dans ma poche, l’unique pièce de monnaie en ma possession, et qui pourrait bien ne pas suffire… Fronçant les sourcils, il me fait répéter ma question, assurant dans un français approximatif avec un fort accent d’Europe de l’est, qu’il ne connaît pas bien la région. Pour la forme, et plus par politesse qu’autre chose, je réitère ma requête. Et le bonhomme, fronçant encore un peu plus les sourcils, qu’il a d’ailleurs bien fournis, me lance : «  Une cabine téléphonique, non je ne vois pas. Mais j’en ai un de téléphone, pourquoi en chercher un autre ? ». Et il me tend son Natel, le plus simplement du monde. Inutile de préciser, qu’il a trouvé insultant, après coup, que je lui propose ma monnaie.
Voilà. C’est pourtant pas sorcier, non ?

(C) Mais où sont les enfants ?


Voilà 3 jours, que nous avons quitté Jinotega. 22 heures de voyage, 3 avions et quelques heures de route plus tard, nous voilà à Vex, le village où Olivier a grandi. C’est bien sûr très émus que nous retrouvons une partie de la famille, les odeurs du pays, la saveur du vin de chez nous. Et ce n’est qu’un début. Tant de personnes à serrer dans nos bras, tant de choses à raconter, à se faire raconter. Nous arrivons à peine.
Et pourtant, déjà une première impression frappe et me questionne : mais où sont les enfants ? Là-bas, ce sont les premiers cris du matin, et les derniers bruits du soir. Souvent, même en partant très tôt de la maison, c’est la petite vendeuse de tortillas qui nous adresse le premier buenos dias. On ne peut pas marcher dans une rue sans croiser des enfants qui jouent, qui vont ou reviennent de l’école, qui sont envoyés acheter quelques frijoles, bref qui envahissent les rues de l’aube au crépuscule. Les enfants, au Nicaragua, c’est 65% de la population. C’est dire si parfois, on cherche les adultes…
Il est vrai qu’ici, ce sont les vacances. Beaucoup de familles sont en vadrouille – comme nous d’ailleurs. Il n’y a pas école encore. Mais déjà les remarques, dont nous nous étions habitués avant, nous reviennent : « 4 enfants ! Eh bien, ce n’est pas fréquent, de nos jours ! ». Et les chiffres sont implacables : en Suisse, c’est 1,2 enfant par femme ! Oups, j’avais oublié ! Nous ne sommes pas, et de loin, dans la moyenne nationale.
Mais attendons la fin août, que l’année scolaire reprenne, et que les enfants se fasse entendre à nouveau! Il est vrai que ça manque un peu…