Corine, Olivier, Viviane, Thalia, Noé et Malika
coopérants au Nicaragua avec E-Changer

24 décembre 2012

(C) Quelques chansons de Noël d'ici...

Ici aussi, on chante! Et bien sûr, on y danse aussi:

El Burrito Sabanero : http://www.youtube.com/watch?v=4k-sig3Hcfc

Se acerca la Noche Buena : http://www.youtube.com/watch?v=m3ffHnKnKNQ

El niño del tambor : http://www.youtube.com/watch?v=_ZOF2gsUdz4

Arre burriquito : http://www.youtube.com/watch?v=kE3vPbxdbDI

Campanas de Belen : http://www.youtube.com/watch?v=AcQr78qMpP4

Faltan cinco para las doce : http://www.youtube.com/watch?v=dpEUFi6rNPY

Feliz Navidad!

4 décembre 2012

(T) Noé et son copain



C’était un vendredi 16 novembre 2012, Noé a commencé à s’ennuyer, alors, il est parti se promener sur la rive de la Laguna de Apoyo. C’est à ce moment qu’il trouva quelqu’un assis par terre. Alors, il alla s’asseoir à côté de lui, puis ils firent connaissance. Le lendemain soir, quand il fut repus, il alla retrouver son nouvel ami, il le trouva debout sur la rive et ils parlèrent un moment, puis son nouvel ami lui prêta son téléphone pour jouer, c’est un extraordinaire ami pour Noé.
Thalia

(O) Les incontournables de la vie sociale

Ils sont partout, ils sillonnent les rues de la ville, ils crapahutent sur les chemins de campagne. Que ce soit sous un soleil de plomb comme sous un déluge tropical, ils assument leur office inlassablement, fidèlement. Aucun événement public ne se déroule en dehors de la présence de l’un ou de l’autre de ces piliers sociaux.
Aconfessionnel et apolitique, leur ministère pourtant, couvre toute forme de rassemblement public et nul ne s’étonne de leur constance mais tous peuvent bénéficier de leurs services.
Bien qu’ils n’aient pas encore le droit de rentrer dans les hôpitaux, les lieux de cultes ou les tribunaux, on entend leur présence devant chaque centre de santé, réconfortant la file des patients et des visiteurs.
Ils sont là à la sortie du tribunal, indifférents au verdict, servant indistinctement la défense comme l’accusation, de part et d’autre ils bénéficient d’une immunité qui leur permet sans crainte des heurts possibles, d’accomplir leur mandat. Ils sont là aussi pour apaiser la conscience des condamnés menottés qu’on transfère du tribunal à la prison, tout en servant les membres de l’escorte.
Les clochettes qu’ils font tinter se font entendre à la sortie des cultes religieux, et pour moins de dix cordobas, les fidèles peuvent poursuivre leur assemblée devant le parvis des églises et des temples.
Non seulement ils suivent immanquablement les marches des mouvements sociaux, mais avant que les premiers participants ne déroulent leur banderole, on peut reconnaître leur rassurante présence, le défilé aura bien lieu ce jour-là. Ils seront là, fidèles, quelque soit l’orientation politique du rassemblement. Marche contre la violence, manifestation anti-drogue, mouvement syndicaux, protestation de l’opposition ou défilé patriotique, leurs clochettes faisant écho aux slogans des organisateurs.
Et, ultime preuve de dévouement social, ils sont présents dans les périodes de deuils, ils accompagnent les familles éprouvées, leur clochettes rassurantes accompagnent la sortie de l'église du défunt, harmonisent les chants durant la procession jusqu’au cimetière et se font entendre jusqu'à ce que le dernier familier ait fait ses adieux. Décidément, que serait la vie sociale sans les vendeurs ambulants de glace… Eskimo!

20 novembre 2012

(C) Des au revoir dans un cadre idyllique

Pour la dernière fois au Nicaragua, nous avons partagé un week end avec la famille Schaedelin-Streit au bord de la magnifique Lagunade Apoyo. Depuis le début de notre séjour ici, pour tout dire depuis notre arrivée à l'aéroport de Managua le 4 février 2010, ils ont été présents, même s'ils vivaient à Diriamba, à près de 200 km de Jinotega. Plusieurs fois par an, nous nous sommes rencontrés, parfois chez eux, chez nous, ou pour les fêtes de fin d'année, parlant entre nous l'espagnol, seule langue commune pour nos huit (!) enfants.
Nous tenions ici à les remercier pour leur présence, leur amitié, leurs coups de gueule et tout ce que nous avons pu partager à 10'000 km de chez nous, vivant finalement les quotidiens très similaires de deux familles expatriées.
Ils s'en vont dans une dizaine de jours, prenant le chemin des écoliers pour leur retour en Suisse. Nous leur souhaitons bon vent, et surtout beaucoup de courage pour leur arrivée en Suisse en plein hiver!
A l'été prochain pour un verre sur une terrasse bernoise avec huit Petits Loups parlant entre eux le Nicañol!
Adios Amig@s Annette, Josue, Mia, Eli, Ewa y Camilo! Gracias! Que le vayan muy bien. Hasta muy pronto allá...

(C) Elections municipales au Nicaragua

Dans la droite ligne des élections présidentielles de l'an dernier, le Nicaragua a élu ses conseils municipaux et ses maires ce mois de novembre. Voici un article de Bernard Borel, ex-volontaire de GVOM au Nicaragua et actuel membre du Comité d'E-CHANGER, en collaboration avec Gauchebdo, qui vous dit tout:

Nicaragua: le Front Sandiniste a gagné les élections municipales
Le Front Sandiniste de libération nationale (FSLN) a remporté, le 4 novembre dernier, 134 des 153 mairies et donc renforcé son pouvoir au niveau local. Analyse.
Plus de 80% de votants ont soutenu le parti à Managua, la capitale de plus de 2 millions d’habitants, pour une moyenne nationale de 70% dans le reste du pays.
Lázaro Cardenas, chef de la mission de l’Organisation des Etats américains (OEA), a relevé bon déroulement de ces élections, qui se sont passées dans le calme et sans évidence de fraude. L’Institut pour le développement et la démocratie, une ONG locale, a abondé dans le même sens. Ces deux organisations n’ont formulé que des recommandations techniques pour améliorer encore le bon déroulement des élections.
Cette fois-ci, l’opposition n’a pu réellement que s’accrocher à la participation au vote qui n’a atteint que 56% des inscrits (ce qui serait probablement un record dans notre chère démocratie helvétique!) pour parler de «l’échec» de Daniel Ortega, dirigeant historique du FSLN et à nouveau président du Nicaragua depuis 2006. Il y a 5 ans, elle avait crié à la fraude, contestant en particulier les résultats de la mairie de Managua.
C’est la victoire d’un vrai projet politique qui a été encore plébiscité ce 4 novembre. Elle renforce la gauche latino-américaine et le processus de l’Alliance bolivarienne pour les peuples, (ALBA) lancée par le président Hugo Chávez du Venezuela et qui coordonne les relations sociales et économiques solidaires entre le Venezuela, l’Equateur, la Bolivie, Cuba et le Nicaragua.
Le peuple nicaraguayen a donc implicitement reconnu, que depuis 2006, sous la gestion du FSLN, son quotidien a radicalement changé, avec un accès à la santé et l’éducation, redevenu gratuit et réel, après 17 ans d’abandon sous les gouvernements néolibéraux successifs. La population a également bénéficié d’une relance de la production agricole, avec des programmes comme “Faim Zéro” inspiré du Brésil de Lula ou de micro crédits, tendant à améliorer concrètement la souveraineté alimentaire, ce qui a, entre autres, drastiquement diminué les indices d’extrême pauvreté selon des données onusiennes.
On pourrait parler aussi des terres redistribuées et des programmes d’aide à l’auto construction de maison. Les opposants ont souvent accusé le FSLN de clientélisme, mais si les “clients” sont la majorité de la population votante, qui peut s’en insurger!
Par ailleurs, ces mêmes opposants n’ont eu de cesse de répéter que toutes ces améliorations sociales ne tenaient que grâce au soutien du président Chávez et que donc le Nicaragua était un pays assisté par l’ALBA, et en particulier par le pétrole vénézuelien.
Or, il est intéressant de savoir que le Nicaragua dépendait encore à 80% du pétrole comme source d’énergie électrique en 2006. La population vivait alors des coupures électriques incessantes. Ce qui nuisait, de plus, à la production puisque les entreprises travaillaient au ralenti. Le gouvernement de Daniel Ortega a repris en main la distribution d’énergie (qui était gérée par une entreprise espagnole la Fenosa, dont le seul intérêt était financier). Il a réussi à réduire la dépendance du pétrole à 45%, alors même que la couverture nationale électrique passait de 54 à 72%. De nombreux projets d’énergie renouvelable, tant géothermiques qu’hydrauliques, éoliens ou solaires ont été développés.
Cela montre bien que dans ce domaine aussi le Nicaragua de Daniel Ortega cherche à augmenter sa souveraineté, malgré la possibilité d’acheter du pétrole vénézuélien en dessous du prix du marché! Il est même prévu que d’ici 5 ans, la couverture nationale d’électricité soit de 86% avec des projets d’énergie verte, ce qui devrait permettre de diminuer la facture du pétrole de 500 millions de dollars!
Six ans après son retour au pouvoir, le FSLN, si souvent décrié en Europe, démontre sa capacité de mener une politique volontariste favorable à l’immense majorité de la population. Le parti vise une perspective d’indépendance économique et énergétique, qui devrait faire réfléchir les décideurs politiques en Europe, qui se montrent incapables de maintenir une certaine justice sociale obtenue de haute lutte au 20ème siècle, laissant même une partie importante du peuple de Grèce, du Portugal, d’Espagne atteindre des niveaux de pauvreté tels que elle souffre d’insécurité alimentaire!

29 octobre 2012

(C) Ils sont venu nombreux

Carlos* a la cinquantaine sportive, le cheveu légèrement argenté, le sourire charmeur et le flegme étudié des médecins d'ici. Avant de rentrer dans le tribunal, il s'est retourné pour adresser un signe de main appuyé à la foule venue là pour le soutenir. Et puis, le menton fier, il a suivi les policiers.
Ils sont venu très nombreux de San Raphael del Norte à Jinotega pour soutenir Carlos dans son procès, 4 bus et 5 camions pleins de San Raphael et de quelques communautés alentour. La mairie leur a donné congé pour ce jour un peu spécial et leur a prêté les véhicules. Jusqu'au Ministère de la Santé de la Commune qui s'est prononcé en faveur du médecin. Ils sont arrivés très tôt ce matin et seule une toute petite partie d'entre eux a pu accéder à la salle d'audience qui n'est pas faite pour accueillir tout ce monde. Alors tous les autres se sont installés dans la rue, sur les trottoirs à l'ombre des grands arbres du Parc Central et chaque demi-heure plus ou moins, ils se lèvent et scandent tous d'une même voix leur indignation.
Et puis arrivent les plaignantes sous les huées de la foule. Le dispositif policier est important. Il ne faudrait pas permettre à cette foule des débordements qui pourraient desservir leur cause. Celle de Carlos!
Mais de quoi est-il accusé, me direz-vous, cet homme si respecté? Un docteur tout de même. Eh bien... de viol. Rien que ça.
Une première plainte a été déposée par une jeune femme disant avoir été violée lors d'une consultation de gynécologie. Carlos n'est pas gynécologue. Mais comme souvent ici les médecins généralistes effectuent des consultations spécialisées dans des petites communautés, dispensant ainsi ses membres de s'acquitter d'un voyage coûteux jusqu'à Jinotega. La plainte a été reçue et lors des audiences préliminaires un dossier accablant a été présenté. Ce qui a encouragé d'autres langues à se délier, et ce sont en tout quatre jeunes femmes qui se retrouvent sur le banc de l'accusation.
Dans les rues de Jinotega, les gens s'interrogent. Il n'est pas courant de voir autant de monde soutenir un accusé de violence sexuelle, surtout que la grande majorité repart libre du tribunal. La mobilisation populaire n'est donc pas essentielle. On aurait plus l'habitude de voir les associations qui défendent les droits des femmes et des enfants faisant le pied de grue devant le tribunal pour faire entendre une voix qui souvent reste très faible.
Aujourd'hui ces associations ont tenté de se faire entendre. Mais la foule était trop nombreuse. Et de cette même foule des commentaires assez désobligeants ont fusé: "Combien vous a-t-on payé pour être là? " Ah ils s'en vont, le défraiement ne devait pas être si important..." etc. Le mouvement "Yo te creo" (moi je te crois) a préféré reculer devant les menaces à peine formulées, la police nationale n'ayant laissé que deux agents devant les portes du tribunal. Et puis, la journée s'étendant assez longuement, beaucoup de ceux qui sont venu très tôt ont cherché à tromper l'ennui en s’enivrant. L'alcool coule à flot et les machettes, cachées jusqu'alors, apparaissent nonchalamment dans les mains qui ne tiennent pas la bouteille...
Le temps passe et les gens s'énervent. Mais on a annoncé le verdict pour 17h00, alors on ne bougera pas de là avant, et Carlos montera, triomphant, dans l'un des camions qui les ramènera tous ensemble à San Raphael del Norte. En fin d'après midi, tout le monde s'est rapproché lorsque deux camionnettes de la police se sont postée devant les grandes portes.
Puis soudain, un mouvement de foule, des sifflets de la police, deux coups de feu fusent, et l'une des camionnettes démarre en trombe, écartant la foule prise de court. Le verdict est tombé : coupable!
Des hurlements montent, il n'y a pas de blessé, mais la plupart des gens présents n'arrivent pas à y croire. On crie, on court à droite et à gauche. Puis, on se dit que les quatre jeunes femmes et leurs défenseurs, les vraies coupables (!) devront bien sortir, alors on se presse devant les portes et on les attend de pied ferme, scandant des insultes.
Ils attendront plus d'une heures, mais personne ne se présentera à la sortie. Et puis la police revient et disperse la foule sans grande conviction, mais la nuit est tombée, et il faut bien rentrer.

Je me trouve à une cinquantaine de mètres de là, aux côtés d'une psychologue du Club qui garde les dents serrées, mais les larmes aux yeux aussi, émue: "Enfin! dit-elle. C'est la première fois que cela arrive à Jinotega, qu'un notable soit condamné pour un crime sexuel, et que même ses intimidations et les montants faramineux offerts aux familles des victimes n'auront pas sauvé de la justice. Le juge a été très courageux, même s'il risque gros. Cela marquera un précédent. Une victoire. Enfin!".
(*) Carlos est un prénom d'emprunt

15 octobre 2012

(C) Symboles et folklore


Les mois de septembre et octobre sont ceux des fêtes dites "patriotiques". Les 14 et 15 septembre sont respectivement les fêtes de l'indépendance et nationale du Nicaragua. Ces fêtes sont bien sûr chômées et c'est l'occasion pour chaque centres scolaire d'exhiber ses meilleurs élèves (dès la 4ème primaire), ses meilleurs professeurs, sa "banda de guerra", orchestre essentiellement constitués de percussions, voire de cuivres, et comprenant jusqu'à parfois 80 musiciens, et ses très nicaraguayennes paleonas (équivalent centroaméricain des majorettes ou des pompom girls), lors du défilé annuel. Cette année, Viviane était de la partie, affichant une écharpe "excellencia" et ayant l'infime honneur de porter les armes de l'INACS, le centre scolaire ou elle étudie.

Un mois plus tard, le 15 octobre, Jinotega fêtait le 121 anniversaire de sa création. Occasion pour toute la population de faire une fois de plus la fête durant plusieurs jours (on va se gêner...) et à Thalia de participer au spectacle des danses folkloriques avec un costume dit de "meringue" figurant les porteuses d'eau.

(C) Le moustique à cul rouge et la petite fumée

Je tentais d'expliquer dernièrement à une amie suisse ce que signifiait faire preuve de flexibilité en prenant l'exemple des fumigations. Non, il ne s'agit pas de ces inhalations que nous pratiquons, l'hiver de préférence, pour soigner une sinusite persistante. Mais il s'agit bien de fumée, même si c'est le Ministère de la Santé qui vous l'envoie, et il n'y a pas à discuter, c'est comme ça.
Imaginez: vous êtres tranquillement en train de travailler, très concentré sur votre tâche, ou entrain de prolonger une grasse matinée dominicale vers 8h30 du matin et un infernal bruit de moteur, genre tronçonneuse, vous fait violemment réagir et vous expulse séance tenante du lieu ou vous vous trouvez. C'est tout juste s'il vous reste le temps de protéger l'écran de votre ordinateur ou d'enfiler un pantalon, et dehors!
Entre alors chez vous, dans votre bureau ou dans votre salle de classe, un homme masqué armé d'un espèce d'atomiseur crachant une fumée blanche infecte, sensée tuer les petites bêtes mais pas les grandes. La cible: les petites blattes et les moustiques essentiellement. Les fourmis et les gros cafards étant trop résistants, il faudra s'en occuper autrement.
Bon,il est vrai que ce même ministère envoie mensuellement, durant la saison des pluies, des personnes visiter votre patio (jardin) et surtout tout les contenants d'eau stagnante dans lesquels pourraient pondre les moustiques. Parce ce qui est surtout visé, c'est ce moustique à cul rouge, porteur de la Dengue.
Vous vous retrouvez donc sur le trottoir pour une bonne heure, voire plus, le temps que la fumée se dissipe et que vous puissiez réintégrer vos locaux en limitant un peu le mal de tête que cela va vous occasionner de toute façon. C'est le moment de papoter un peu avec les voisins. Si l'on est assez vif, on aura eu le temps d'attraper une chaise, histoire de rendre le moment plus confortable. Mais la plupart du temps, le portefeuille est resté à l'intérieur, pas moyen donc d'aller chercher un en-cas.
Ce qu'il y a vraiment dans la fumée? Bonne question. Surtout du diesel, paraît-il. Quant au reste, mystère...
Ces derniers temps, ils sont passé "fumiguer" (traduction approximative de fumigar) quasi chaque semaine. Ce qui nous a permis de nous rendre compte, n'ayant pas les mêmes horaires, que l'une de nos collègues est devenue notre voisine. Alors qu'on ne vienne pas me dire que ces fumigations sont parfaitement inutiles.

Parce que que malgré toute cette fumée, Olivier se retrouve depuis 10 jours au fond du lit avec une fièvre de cheval et des douleurs de tête violentes ainsi que dans les articulations : il a attrapé la Dengue!

(C) Les oeufs de tortues

Sur les kilomètres de plage nicaraguayenne, l'un des rares endroits au monde, entre août et décembre, 5 espèces de tortues marines viennent pondre leurs oeufs, la nuit, à l'abri des regards, mais surtout des prédateurs. Elles sortent de l'eau, le temps de remonter au-delà de la ligne de marée, pour creuser un trou, y déposer une centaine d'oeufs qu'elles recouvrent avant de retourner à la mer. Elles sont nées sur ces plages et vont vivre entre 150 et 200 ans. Et aujourd'hui, c'est toujours un mystère: elles reviennent rigoureusement pondre là où elles sont nées. Seulement voilà, ces merveilles de la nature sont en danger.
Dans de nombreux pays, les oeufs de tortues marines sont un met prisé depuis des siècles. Mais ils sont aujourd'hui protégés, les espèces étant menacées d'extinction.
Devenus rares, ces oeufs se vendent toujours, collectés par des populations très pauvres qui trouvent dans ce commerce un revenu non négligeable, qui leur permet souvent de survivre. Mais ce qui est rare est cher, et ce qui est cher n'est bien sûr consommé que par des riches, à savoir une toute petite minorité de locaux et une grande majorité de touristes.
Afin de trouver une solution à ce casse-tête qui consiste à protéger un milieu ambiant dont dépendent aussi ces populations très pauvres, et leur permettre de survivre en ne leur retirant pas ce revenu important, il existe aujourd'hui un nombre élevé de projets, financés soit par les gouvernements locaux, soit par des ONG internationales.
C'est l'un de ces projets qui protègent les tortures marines qui naissent sur les plages de la Isla del Venado, à Las Peñitas près de Leon, que nous avons visité. Récit d'une aventure nocturne.

Il est 18h00, la nuit vient de tomber et la lune, ronde et jaune, éclaire la plage que nous suivons jusqu'à l'entrée de la réserve de la Isla del Venado. Là, nous rejoignons Don Felipe, un enfant du pays (voir la Mariposa de Jinotega no 9), avec son petit bateau qu'il guide à la rame pour traverser l'estuaire. Nous prenons pied sur l'île qui mesure environ 20 kilomètres de long, où nous rejoignons le fils de Felipe avec un cheval, belle attention de son propriétaire pour transporter les enfants. Parce qu'il va falloir marcher. Et ce sans aucune garantie d'atteindre notre objectif de la soirée: voir une tortue marine pondre ses oeufs. C'est ce que nous avons demandé à Felipe. Il nous a répondu : Dale pues, vamos a ver si la naturaleza estará linda con nosotros! (d'accord, allons voir si la nature nous sera favorable).
Nous avons de la chance, la pleine lune est très claire et la marée au plus bas. Malika rechigne un peu à monter sur le dos de ce grand animal qui l'oblige à écarter plus que de raison ses petites jambes. Viviane l'accompagne pour la rassurer, et Noé les rejoint rapidement sur le dos de Muchachita. Tout en marchant, nous faisons fuir les crabes et les bernard-l'ermite. Au bout de 4 kilomètres environ, nous atteignons le vivier financé par un projet conjoint de la UNAN (Universidad Autonoma de Nicaragua) et de l'ONU. Là nous rencontrons Don Carlo, responsable local du projet. Don Carlo est né dans la communauté qui vit en bordure de l'estuaire. Cette communauté vit essentiellement de la vente de bois mort de la réserve (constituée majoritairement de mangrove) et, mais c'est bien sûr officieux puisqu'illégal, de bois précieux. Ce projet vise à protéger les oeufs de tortues marines. Sur l'île, il y a deux viviers. Il s'agit d'un carré de sable d'environ 20 mètres de côté, protégé des oiseaux par un filet, et découpé en damier dont chaque carré est prêt à recevoir la totalité de la ponte d'une tortue.
C'est à ce moment-là qu'arrive en courant un jeune garçon, serrant dans sa main un sac plastique contenant 84 oeufs encore tièdes, qu'il a collecté à environ deux kilomètres de là. Don Carlo, après s'être désinfecté soigneusement les mains, les compte et choisit un carré du damier dans lequel il creuse un trou de 40 cm environ. Il élargit le fond, comme la tortue le fait elle-même avant de pondre. Il y dépose ensuite tous les oeufs et les recouvre de sable. Il reporte ensuite son travail sur un formulaire avec les données spécifiques des oeufs récoltés. Dans environ 55 jours, les bébés tortues sortirons de leurs oeufs et parcourront la plage pour rejoindre l'océan. Elles ne reviendront que dans quelques années pour pondre à leur tour. Don Carlo nous explique que si par hasard des bébés devait sortir de jour, il les garderait à l'abri dans un seau pour les relâcher la nuit suivante lorsque les prédateurs seront moins nombreux.
Nous reprenons notre marche une heure environ, lorsque des nuages noirs et menaçants voilent la lune et nous obligent à rebrousser chemin. Nous atteignons le vivier juste avant la pluie et nous nous abritons sous le rancho des gardiens. Don Carlo nous raconte alors que le projet va plus loin: afin de s'auto-financer, il est prévu de construire de petites cabanes ouvertes afin de recevoir des touristes sur des hamacs pour leur permettre l'observation des tortues marines. L'idée est déjà bien développée, une étude sur l'impact environemental et l'enlèvement des déchets tout en préservant un maximum la faune de la réserve a été réalisée avec succès. Ce serait également un gain supplémentaire pour la communauté qui serait chargée de nourrir et de guider ces touristes.
Lorsque la pluie cesse, il est tard et la marée remonte déjà. Nous avons profité de cette halte imprévue pour manger le pic-nique que nous avions emporté, mais les enfants sont fatigués. Felipe prépare un grand feu sur la plage pour les faire patienter. Mais une heure plus tard, il faut prendre le chemin du retour.
Nous marchons dans la nuit à nouveau claire, et plus le temps passe, plus notre espoir de voir une tortue s'amenuise. Nous avançons en silence, la déception se lit sur tous les visages. Felipe s'arrête constamment pour scruter la plage derrière nous. Mais rien.

Et soudain, il se met à courir. Nous suivons, mais son fils nous dit de nous arrêter et de faire silence. La lumière de la lune révèle une trace d'environ un mètre et demi de large qui monte vers le sommet de la plage. Felipe se trouve tout proche d'une tortue qui recouvre le trou dans lequel elle a pondu. Il s'est agenouillé pour ne pas l'effrayer et nous attendons qu'elle termine. Puis elle commence à redescendre et nous nous précipitons. Ses pattes larges sont faites pour nager, pas pour marcher. Elle est épuisée et se laisse glisser aussi souvent que possible. Elle a peur aussi. Malika est restée près du nid. Elle ne peut se résoudre à laisser les oeufs sans surveillance en l'absence de leur maman... et elle garde une attitude plutôt réservée à l'approche de cette tortue presqu'aussi grande qu'elle. Et tout-à-coup Viviane se penche et pose délicatement sa main sur l'énorme carapace et la tortue s'immobilise, nous permettant d'immortaliser cet instant magique.
Puis elle reprend sont chemin vers l'océan dont elle profite du ressac pour partir au large, sous nos regard émus. Nous n'assisterons sans doute plus jamais nous-même à cet événement hors du commun, et pourtant si naturel. Et si nous nous sentons privilégiés, il y a comme de la nostalgie qui teinte nos sentiments.
Mais déjà nous aperçevons les lumières du village et le bateau de Felipe que nous avions abandonné là. Il est plus de 23h30, lorsque nous couchons les enfants, les yeux encore pleins de ce cadeau que la nature nous a offert.

La Mariposa de Jinotega no 9

Retrouvez en lien le numéro 9 de nos Mariposas de Jinotega. D'autres liens ci-contre vous emmèneront sur les 8 premiers numéros.

Merci pour vos commentaires!


Bonne lecture.

31 août 2012

(C) Feliz Cumpleaño Olivier


Viviane prépare elle-même le gâteau d'anniversaire de son Père. Un petit coup de fraîcheur juvénile dans ce monde de brutes... qui lui souhaitent un bon anniversaire, pour un nombre d'années qui lui semble honteusement exagéré.

29 août 2012

(O) Les Manneken-Pis de Jinotega


On se rappelle tous la légende de Godefroi III de Lotharingie encore poupon qui se mit à satisfaire un besoin naturel durant la bataille de Ransbeke, geste qui doucha ses adversaires  et imbiba ses troupes de motivation. Ainsi parle-ton du Manneken-Pis en Belgique. Ce joyau de la culture et de l’esprit d’indépendance de nos amis belges, qui attire des milliers de visiteurs, se retrouve sous une forme variée au Nicaragua. Si, si, il y en a même tout plein ici à Jinotega. Bon, ils ne disposent pas de la même garde-robe que l’original, ils sont un peu moins blonds mais leur habilité projective n’en demeure pas moins incontestable.
Preuve en est que, pour ne pas me considérer touriste dans ma ville d’accueil, il m’arrive de déambuler sur les trottoirs, saluant les taxis, évitant les crottes de chiens et autres désagréments architecturaux de cette bonne ville. Nulle localisation définie, nul attroupement, seul le hasard nous met en présence de ces reproductions locales de la fameuse statuette. Il suffit de se laisser surprendre. C’est dans des cet état d’esprit que j’ai eu plusieurs fois l’occasion d’être la cible d’un jet urinaire.
Comment s’y prend-on me demanderez-vous pour rencontrer ces fameux Manneken-Pis nicaraguayen ? Le meilleur moment, selon ma propre expérience, est entre midi et deux heures, période qui aura permis à nos héros de se sustenter et ingérer suffisamment de liquide pour produire un jet efficace. Il faut comme je l’ai dit plus haut, marcher sur ce qui ressemble le plus à un trottoir, regardant de haut en bas si possible, jamais de coté. Avec de la chance donc, une remarquable dame surgira sur le seuil de sa maison (ou celle de ses employeurs), portant sur ses bras tendus, une statuette dont la particularité, tel son modèle belge, est d’être présenté  la zigounette à l’air (ici nul risque de congélation due au climat). Et là, au moment où vous passer devant, comme mu par une commande à infrarouge, le jet menaçant jaillit du petit appareil, aspergeant avec de la chance votre pantalon ou vos chaussures. Malheureusement, à cause de l’effet de surprise les gens se retirent vivement de côté, perdant ainsi l’occasion de conserver un souvenir inoubliable ou de prendre une photo, le petit phénomène se retirant promptement à l’intérieur de son domicile. Calculant la fréquence des apparitions de la petite chose, je ne peux m’empêcher de le comparer à une espèce de coucou.
Analysant les apports touristiques de ces curiosités locales, j’envisage de promouvoir l’image des Manneken-Pis-Coucous, encourageant ainsi le mariage des cultures belgica-helvética-nicaraguayennes.

22 août 2012

(C) Le pas en arrière en instillant le ver dans la pomme


Thème transversal et emblématique de la stratégie institutionnelle du Club Infantil, le protagonisme infantil, entendez pas là le renforcement des initiatives et de la participation active des enfants et adolescents dans les domaines qui les concernent et la réalisation de leurs droits, a fait un pas de géant dans les thèmes spécifiques à développer en 2012. Notre travail, à Olivier et à moi, lui dans son processus de méthodologie de travail pour les éducateurs et moi dans celui de renforcer la communication, se trouve bien sûr fortement influencé par ces choix stratégiques.

Même la plus haute des montagnes commence au sol (proverbe marocain).
Le saviez-vous, la participation, en tant que droit défini dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, s’évalue selon l’échelle de Roger Hart, afin, surtout, d’éviter une manipulation de cette participation de la part des adultes : impliquer des enfants dans un processus n’est pas une affaire de tout ou rien. Il existe de nombreuses manières d’impliquer les enfants dans la mise au point d’un projet ou d’un événement. Le type ainsi que le niveau de participation dépendent de nombreux facteurs tels que l’opportunité, la nature et le type de projet ou d’événement, etc. En 1992, Roger A. Hart a mis au point une “échelle de participation” qui décrit les différentes façons dont les adultes et les enfants peuvent travailler ensemble. Le bas de l’échelle représente une situation dans laquelle les enfants sont impliqués mais ont peu d’impact sur le projet ou l’événement. Il s’agit de la situation la moins souhaitable, qui se produit généralement lorsque les organisateurs adultes d’un projet ou d’un événement ne veulent donner que l’illusion d’une implication des enfants. L’échelle comporte 8 échelons.

Cela fait plusieurs années, donc, que le Club Infantil œuvre dans ce sens : encourager la participation des enfants à tous les niveaux et éduquer les adultes à travailler ni pour ni en faveur, mais avec les enfants. Il a fallu pour cela déconstruire ce que Lydia nomme l’adultisme des intervenants du Club. En effet, lorsque des adultes définissent les règles d’intervention éducative, la tentation est forte de le faire dans un cadre de confort pour les adultes afin que ces derniers puissent maîtriser toutes les étapes de cette intervention. Et c’est justement à ce confort de maîtrise que doivent renoncer les éducateurs lorsqu’on veut promouvoir et voir se réaliser pleinement le droit à la participation des enfants.
Mais ceci est un long processus. Aujourd’hui, 9 ans après le début de cette démarche de déconstruction, on peut dire que le Club Infantil se situe environ entre le degré 6 et le degré 7 de l’échelle de Hart. Il importe donc de faire ce « Pas en arrière » (el paso atrás) de la part des adultes afin de permettre aux enfants de donner leur plein potentiel. A cet égard, nous ne parlons plus aujourd’hui d’enfant leader, qui étaient les interlocuteurs privilégiés des éducateurs grâces à leurs facultés de rassembleurs mais aussi de bons parleurs, mais bien d’enfant gérant, permettant ainsi à chaque enfant de faire partager ses compétences propres même s’il n’est pas un meneur. Chaque action est aujourd’hui évaluée, ou tend à l’être, sur l’échelle de Hart, et la capacité des collaborateurs du Club à s’approprier les valeurs de leur organisation est telle, que si l’un ou l’autre s’oublie, il y a toujours quelqu’un pour rappeler les bons réflexes.

Mais il ne suffit bien sûr pas de travailler avec les enfants. Si les adultes qui les côtoient ne sont pas prêts à les entendre et à collaborer, ça ne sert à rien. C’est tout le travail de 3ème programme du Club qui touche à l’incidence dans le monde adulte. Je vous passerez les détails sur le travail des Enfants et des Adolescents Communicateurs du Club qui réalisent un véritable travail de fond dans l’éducation des adultes. Si ces derniers sont les fers de lance de la sensibilisation et la prévention de la violation des droits des enfants à Jinotega, ils ont également une fonction de « ver dans la pomme » (meter el guzanito), en matraquant les émissions de la Radio Estereo Libre de leurs spots et leurs campagnes de sensibilisation. En parallèle, chaque relation établie avec les adultes par les éducateurs du Club, que ce soit les rencontres Parents-Enfants, Commerçants-Enfants travailleurs, ou les formation dispensées au personnel de la Police Nationale, ainsi que les contacts avec les Autorités Municipales et Départementales, les Ministères de l’Education, de la Santé ou les journalistes, tous les discours se trouvent empreints de cette volonté d’incidence en instillant le ver dans la pomme, afin qu’il affecte tout le fruit et donne un fruit nouveau et meilleur. Meter el guzanito (« instiller le ver dans la pomme »), pour le Club Infantil de Jinotega, c’est préparer la population adulte à recevoir les propositions et le protagonisme participatif des enfants afin d’atteindre le degré 8 de l’échelle de Hart : des adultes et des enfants qui partagent en pleine égalité la responsabilité de l’organisation et de l’exécution d’un projet ou d’un événement destiné aux enfants.