Corine, Olivier, Viviane, Thalia, Noé et Malika
coopérants au Nicaragua avec E-Changer

21 juin 2012

(C) L'engagement de Djibril! L'"effet Danierick"?

Un mois après le retour des protagonistes de la Campagne E-Changer 2012 (lire: La Mariposa de Jinotega no 8), l'"effet Danierick" se fait-il sentir? Sans doute!

Photo: Julien Chavaillaz, La Liberté
A Charmey où Danierick avait rencontré 4 classes de primaire, Djibril Clément, 11 ans, apprend que la RTS s'apprète à éliminer l'émission des "Petits Zèbres" de sa grille des programmes à la fin juin. Il n'en faut pas plus pour le faire réagir: il prend sa plume et écrit une lettre indignée à Gilles Marchand, directeur de la RTS. Mais avant de la poster, il réunit en une seule semaine 175 signatures de ses petits camarades du Cercle Scolaire de la Jogne. En marge de cet envoi, il adresse une copie à La Liberté, afin d'encourager d'autres enfants à se faire entendre.
Aurélie Lebreau, journaliste à La Liberté, reçoit Djibril à la rédaction et lui consacre une pleine page dans son édition du 20 juin (lire l'article part.1 et part.2). Elle lui écrit ensuite que L'Impartial, L'Express, Le Nouvelliste et Le Quotidien Jurassien vont reprendre l'article dans leur édition du 21 juin!
Un exemple - s'il en fallait un - du protagonisme dont sont capables nos enfants.

Nombreux sont ceux d'entre vous qui ont suivi cette campagne en avril et mai avec la visite en Suisse de Lydia et de Danierick . Cette visite a marqué les personnes qui ont entendu leur témoignages, et particulièrement celui de Danierick, 13 ans, étudiant, travailleur et communicateur social.
Pour résumer, en parlant des droits des enfants Danierick disait que « si nous, enfants et adolescents, sommes le futurs de notre société, nous en sommes aussi le présent. De nombreux adultes m’ont dit qu’ici, en Suisse, les enfants et les adolescents ne peuvent pas et/ou ne veulent pas participer. Mais tous les enfants et ados de Suisse, du Nicaragua et du monde en sont capables, pour peu que les adultes leur ouvrent des espaces de participation. L’expérience menée avec les jeunes du Totem (Sion), les jeunes du collège St-Michel et les enfants de Charmey le démontre: si les adultes ouvrent des espaces de participation, les enfants et les ados participent, s’organisent et réfléchissent de manière à proposer des solutions possibles ». Et c'est exactement ce que nous prouve Djibril et tous les signataires dans leur démarche.

Les commentaires des invités nicaraguayens ont eu un impact extraordinaire auprès du public romand, et particulièrement sur les enfants et les adolescents. L'engagement de Djibril n'a rien a envier à celui de Danierick. Il se mobilise, faisant valoir son droit à la participation et à la libre expression. Et il rencontre un important écho dans la presse qui relaie sa requête!

A l'occasion de l'interview de Danierick par Jean-Marc Richard, ce dernier s'est exprimé au sujet de l'émission, affirmant qu'"avec la disparition des "Petits Zèbres", c'est 80% de l'espace médiatique romand dédié à la participation des enfants et des adolescents qui disparaît!". Un chiffre qui donne à réfléchir, surtout quand on sait l'engouement que cette émission provoquait auprès de son jeune public.
Lydia, spécialiste dans la réalisation des droits des enfants, complétait le commentaire de Danierick de cette manière: « Dans ma tête, La Suisse, en tant que pays où s’est établi la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, tenait une place très spéciale. Mais si j’ai vu que de nombreux droits matériels des enfants sont réalisés, j’ai cependant remarqué que les droits comme la participation et de la libre expression ne sont pas vraiment connus des adultes, ni des enfants eux-mêmes. Ce qui me préoccupe, c’est que si une société n’entraîne pas ses enfants à la participation citoyenne, c’est tout l’exercice démocratique qui est mis en péril ». Autrement dit, c'est à nous adultes, qu'il incombe d'informer nos enfants et nos jeunes de la totalité de leurs droits, et d'ouvrir ces espaces dans lesquels Djibril, Danierick et tous les autres s'organisent, s'expriment et participent à cette société qui est aussi la leur.

En attendant la réponse de la RTS en direct à l'antenne de la Radio Suisse Romande La Première promise pour le 25 juin prochain, un grand BRAVO à Djibril et à ses co-signataires!

20 juin 2012

(C) La Rencontre Annuelle des coopérants suisses d'Amérique Centrale

Comme chaque année, ce ne sont pas moins de 60 personnes suisses, nicas, salvadoriens et honduriens qui se sont réunies à El Ostional pour leur rencontre annuelle dans le Sud du Nicaragua. L'événement s'est déroulé autour du tourisme rural communautaire, une forme de tourisme à vocation durable qui mobilise toute une communauté autour d'un objectif commun: développer un tourisme doux, vecteur de ressources financières, sans vendre son âme. En résumé, c'est une communauté (un village) qui défini les règles d'accueil et de développement touristique, en préservant son milieu naturel, son économie traditionnelle et sa culture propre tout en augmentant ses revenus.
A un jet de pierre de San Juan del Sur, le St-Tropez nicaraguayen (30 minutes en voiture), lovée au bord d'une baie vierge qui rejoint la frontière costaricaine et occupée parfois par les tortues géantes venant pondre et quelques pêcheurs, la communauté de El Ostional nous a accueilli comme seules savent le faire des personnes propriétaires de leur terre et fières de leur culture. Vivant de la pêche, d'un peu d'agriculture et du tourisme, ils ont créé, voilà une dizaine d'années, une coopérative de personnes susceptibles d'offrir logement, nourriture ou services aux visiteurs de passage. Un service hotelier "chez l'habitant" d'une qualité surprenante, 5 comedors (restaurant proposant un seul menu) offrant une cuisine traditionnelle locale succulente, une maison communale pour se réunir, ainsi que des guides pour le Cimetière indigène, la visite de la forêts ou la pêche sont à disposition. Les clients de cette communauté sont essentiellement des Européens ou des Nicaraguayens cherchant le calme et une nature préservée. Au final, c'est toute la communauté qui bénéficie de cet apport touristique.
Pour la petite histoire, il y a quelques années, un Italien est venu avec beaucoup d'argent pour développer la région et la rendre accessible aux touristes américains, les plus nombreux au Nicaragua. Il a acheté un terrain et a construit un hôtel moderne dans les standards internationaux, similaire à ceux que l'on trouve à San Juan del Sur. Mais il n'a absolument pas tenu compte des souhaits de la communauté vivant là. Cette dernière lui a retiré tout appuis. Résultat des courses, un an plus tard, cet hôtelier partait avec armes et bagages, et aujourd'hui il ne reste plus qu'une ruine grignotée peu à peu par la forêt.
La communauté souhaite d'abord et avant tout à se prémunir des dangers de ce type de tourisme que sont, entre autres, la pollution, la drogue et la prostitution. De plus, habitués qu'ils sont à survivre, ils ne sont pas pressés. Ils préfèrent développer leur négoce en douceur, en prenant le temps de mettre en place les gardes-fous (c'est le cas de le dire) nécessaires à la survie de leur communauté telle qu'ils la veulent: libre.
Et si tout à coup quelqu'un avait un doute, il suffit de rouler quelques minutes pour rencontrer Pablo, le portier d'une propriété privée de 15 manzanas (environ 13 hectares) qu'il a lui-même vendu à un américain il y a 3 ans pour 3000 cordobas (150 dollars) la totalité, et qui est aujourd'hui estimée à 40'000 dollars la manzana. Son travail de surveillance lui rapporte 2000 cordobas par mois - lorsque la propriété n'est pas occupée, lorsqu'elle l'est, les locataires arrivent avec leur propre service de sécurité - lui permettant à peine de survivre sur une terre qui était sienne...

(C) Mariposa de Jinotega no 8

Retrouvez en lien le numéro 8 de nos Mariposas de Jinotega. Elle revient sur la Campagne E-Changer 2012 et notre voyage en Suisse avec Lydia et Danierick. D'autres articles portent essentiellement sur les droits des enfants). Retrouvez ci-dessous quelques-unes des diverses interviews à télécharger ou à podcaster:
La Première-RTS (Les Petits Zèbres)
Radio Dreieckland (Allemagne)
Radio Fribourg (A l'Ombre du Baobab du 24.04.2012)
Radio Cité (7 et 8.05.2012)
L'événement syndical (no 18 du 2 mai 2012)

Merci pour vos commentaires!

Bonne lecture.
(D'autres liens ci-contre vous emmèneront sur les 7 premiers numéros de nos Mariposas)